Avignon IN : Dans les ruines d’Athènes.
Par René Durand le samedi 15 juillet 2017, 21:38 - Spectacle vivant - Lien permanent
Sorties ensemble du « Conservatoire national supérieur d’art dramatique » Julie Bertin et Jade Herbulot fondent en 2013 la compagnie « Birgit Ensemble ». Dans Avignon IN elles donnaient deux spectacles dans le même lieu (le gymnase Paul Giéra). Le premier à 17 h : « Memories Of Sarajevo », le second à 20 h 30 : « Dans les ruines d’Athènes ». C’est ce dernier que nous sommes allés voir ce 14 juillet.
Dès notre entrée dans ce gymnase (qui se situe à côté de la FabricA) il nous
est proposé d’interagir avec nos smartphones pendant le spectacle. À partir du
WiFi de la salle, il nous était demandé de nous inscrire sur le site de
« Parthénon Story » pour pouvoir dialoguer avec la
« production » de l’émission de
télé-réalité qui allait se dérouler sous nos yeux. En fait,
« Dans les ruines d’Athènes joue de l’actualité grecque et pose
d’emblée le factice et le leurre comme échappatoires à la réalité.
Ensevelis sous ce que l’on pourrait nommer les décombres des discussions de
l’Union européenne et du Fonds monétaire international, des citoyens
athéniens choisissent de s’enfermer dans un studio de télé-réalité et
caressent l’espoir d’en sortir vainqueurs et d’obtenir ainsi l’effacement de
leur dette bancaire. »
D’une part, au niveau de la scène, se déroule cette émission
dans laquelle la société de production propose à 6 candidats (Cassandre,
Ulysse, Antigone, Médée, etc.), jeunes Grecs tous endettés jusqu’au cou, de
rembourser intégralement leur créance s’ils sortent vainqueurs du jeu.
D’autre part, au niveau supérieur, se déroule la vraie histoire de la
Grèce pendant ces 10 dernières années. Là, on retrouve des acteurs qui
vont interpréter les rôles de Jean-Claude Junker, Christine Lagarde, Nicolas
Sarkozy puis François Hollande, Angéla Merkel, Giórgos Papandréou, Loukás
Papadímos et enfin Alexis Tsipras.
Sur scène, au rez-de-chaussée, c’est la débandade. Les sponsors de l’émission
quittent le navire ou font faillite. Du coup les candidats pédalent pour avoir
de l’électricité, la climatisation du « loft » tombe en panne, etc.
Le moral en prend un coup et ils apprécient de moins en moins un jeu
dont ils comprennent qu’ils seront en fin de compte les victimes.
Toujours sur scène, mais à l’étage des dirigeants politiques, là aussi, après
l’ère des oligarques dopés au néolibéralisme, vient la rupture
« Tsipras » qui là encore courbe l’échine devant le rouleau
compresseur de la triade...
Spectacle fort politique s’il en fut (mais jamais politicien),
très intelligemment mis en scène, toujours inventif et créatif et qui place les
citoyens au premier rang. Je fais partie des spectateurs qui ont beaucoup aimé
cette pièce par ailleurs assez décriée. Mais peut-être que cela ne me gêne pas
trop quand le trait est appuyé, voire plus. Oui, bien sûr, parfois il y a des
longueurs, mais après tout ce sont des spectacles qui ont du
contenu !
Si ce spectacle passe par chez vous, et si vous n’êtes pas « En
Marche », n’hésitez pas à aller le voir.
La distribution :
Avec : Éléonore Arnaud, Julie Bertin, Lou Chauvain,
Pauline Deshons, Pierre Duprat, Anna Fournier, Kevin Garnichat, Jade Herbulot,
Lazare Herson-Macarel, Timothée Lepeltier, Élise Lhomeau, Antoine Louvard,
Estelle Meyer, Morgane Nairaud, Loïc Riewer, Marie Sambourg
Conception et mise en scène : Julie Bertin et Jade
Herbulot / Le Birgit Ensemble
Musique : Grégoire Letouvet, Romain Maron.
Scénographie : Camille Duchemin.
Lumières : Grégoire de Lafond.
Vidéo, multimédia : Pierre Nouvel.
Son : Lucas Lelièvre.
Costumes : Camille Aït-Allouache.
Assistanat à la mise en scène : Margaux Eskenazi.
Production : Le Birgit Ensemble.
Coproduction : Festival d’Avignon, MC2 Grenoble, Scène
nationale d’Aubusson, Théâtre des Quartiers d’Ivry Centre dramatique national
du Val-de-Marne, La Pop, La Comédie de Caen Centre dramatique national,
TU-Nantes, Théâtre de Châtillon, Le POC d’Alfortville, Théâtre Gérard
Philipe de Champigny-sur-Marne, Les Plateaux Sauvages (Paris), Copilote.
Avec le soutien : Drac Île-de-France, Conseil
départemental du Val-de-Marne, Spedidam, SACD, et pour la 71e édition du
Festival d’Avignon : Adami, Spedidam.
Avec la participation du Jeune théâtre national.
Les liens :
- Le site du « Birgit Ensemble » sur Facebook.
- Émission de la WebTV du Festival d’Avignon : « De l’engagement culturel à l’engagement dans la cité ».
- Le mythe d’Europe, fille d’Agénor, sur Wikipédia.