Les Indiens des plaines.
Par René Durand le dimanche 13 juillet 2014, 10:45 - Divers - Lien permanent
Au musée du Quai Branly se tient, jusqu’au 20 juillet prochain, une exposition que je ne pouvais pas manquer « Les Indiens des plaines ». Imaginez, tout ce que vous avez voulu savoir sur ces personnages qui ont meublé votre enfance. Petit garçon, Guy le blogueur s’en souvient peut être, il me semble que je préférais être du côté des cow-boys quand nous jouions aux « cow-boys et aux Indiens » : les cow-boys étaient forcément des « gentils » et les Indiens eux des « méchants ». Comme je me trompais.
Il faut reconnaître que ces Indiens avaient la fâcheuse habitude d’êtres sournois, chafouins, rusés et méchants, de fondre, toutes flèches dehors sur les gentils « redresseurs de torts » blancs qui avaient pris l’habitude de défendre les gentils fermiers qui s’installaient sur les terres de ces méchants Indiens. Grâce au magnifique « Kit Carson » et autre « Buck John », les gentils fermiers échappaient à une mort certaine par ces cruels Cheyennes (ou Apaches, ou Crows, etc.) J’étais manifestement victime d’une idéologie de type colonialiste, qui pensait que notre la culture « WASP » était supérieure à celle de ces Amérindiens. La preuve en était l’incapacité de ces « Peaux-Rouges » d’accepter qu’on leur vole leurs territoires. En plus ils osaient se rebeller et même ils prenaient les armes !
Il est vrai que dans les BD que je lisais ou les films que je voyais : « un bon Indien était un Indien mort ». Tout ce discours fondait le mythe américain : la conquête du Far West, la construction d'une civilisation (les Indiens étaient-ils civilisés ?), la naissance d’un grand pays, etc. L’exposition du Quai Branly aborde aussi la place des Indiens dans le cinéma américain. En fait, il va falloir attendre les années 70 pour que les metteurs en scène abandonnent la légende du « bon blanc » et du « méchant indien ». C’est peut-être avec « Little Big Man » (1970) d’Arthur Penn, puis avec « Jeremiah Johnson » de Sydney Pollack (1972) que le cinéma américain va casser le mythe. À partir de cela il sera de plus en plus difficile de tourner des westerns racistes et de se complaire avec le génocide amérindien. Il faudra toutefois attendre les années 90 pour voir les Indiens enfin valorisés : « Danse avec les Loups » est emblématique de ce tournant, mais aussi « Le dernier des Mohicans » ou « Dead Man ».
Les plaines habitées par ces Indiens sont un immense territoire qui va du
Canada au nord, au golfe du Mexique au sud, entre le Mississippi à l’est et les
Montagnes Rocheuses à l’ouest. D'un relief plutôt plat et peu élevé, elles
accueillent de très nombreuses tribus. Pratiquement sans interruption, entre
1778 et 1890, une guerre qui ne dira pas son nom va les opposer d’abord aux
colons européens puis ensuite au gouvernement des États-Unis. L'historien
américain Howard Zinn rappelle que « les
gouvernements américains [ont] signé plus de quatre cents traités avec les
Amérindiens et les [ont] tous violés, sans exception ». Wikipédia
nous explique que comptant « une population estimée entre 9 et
11,5 millions à la fin du XVe siècle, les Indiens d'Amérique du Nord
ne sont plus que 250 000 en 1890. Cette hécatombe démographique sans
équivalent dans l'histoire étant due essentiellement aux épidémies et aux
famines, provoquées notamment par les déportations et la chasse intensive du
bison dont la population passe de 60 000 000 au début du
XVIe siècle à 1 000 à la fin du XIXe siècle ».
Connaissant l’ampleur de ce génocide, les effets des déportations systématiques
dans des réserves situées dans des territoires parfaitement inhospitaliers, on
ne peut donc être qu’admiratif devant les arts développés dans ces tribus.
« Dans une mise en scène de Jean-Michel Wilmotte, les coiffes et
parures de plumes, peaux de bison peintes, peintures et dessins, vêtements de
haute valeur symbolique richement ornés d’épines de porc-épic et de perles de
verre, objets cérémoniels et sculpturaux faits de pierre, de bois,
d’andouillers et de coquillages illustrent toutes les traditions esthétiques
des Indiens des Plaines du 16e au 20e siècle. »
Pour ma part, sachant tout cela, s’il m’arrivait de jouer encore une
fois au Cow-Boy et aux Indiens, je pense que je prendrais alors le rôle du
gentil Indien.
Commentaires
Eh ben moi, tu vois, René, petit, j'étais du côté des Indiens !