Fort de Vaujours : Le profit à tout prix !
Par René Durand le mardi 20 mai 2014, 07:44 - Territoire - Lien permanent
Le productivisme, source de richesse et de profit pour un petit nombre est le maître mot de cette Europe, dont, si on en croit les sondages les Français ne veulent pas. Ce productivisme pille nos richesses naturelles, ruine notre santé, détruit nos paysages, casse, pollue. L’opposition qui grandit contre le projet de Placoplâtre de transformer le fort de Vaujours en carrière d’exploitation de gypse (à ciel ouvert) est de ces combats qu’il convient de mener contre ce capitalisme débridé.

Le fort de Vaujours, construit à la fin du 19e siècle
pour défendre Paris est ensuite devenu un centre de recherches du
Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et a définitivement
fermé ses portes en 1997. Plusieurs mesures de radioactivité ont été mises en
œuvre suite à la décision de l’État de vendre le terrain d’emprise. Ce site,
lieu d’expérimentation des détonateurs des armes nucléaires françaises de 1951
à 1997, est contaminé par l’uranium, très probablement par le béryllium
ainsi que par d'autres substances et matières particulièrement
dangereuses dont des munitions non explosées de la Seconde Guerre
mondiale. Dans un article du journal Le Monde du
14 juin 2000, un ancien ingénieur du CEA expliquait que
« Nous faisions exploser des sphères d'uranium naturel dans des
casemates, mais aussi à l'air libre. » Les éclats se dispersaient
alors dans le fort, mais partiellement aussi à l'extérieur de l'enceinte de
quelque 45 hectares : « quelques kilos d'uranium se sont
ainsi retrouvés dans la nature » !
Aujourd’hui l’État, désirant faire quelques profits, a vendu le site à la
société Placoplâtre filiale du groupe Saint-Gobain. Celle-ci
souhaite prolonger l'extraction du gypse dans des carrières à ciel ouvert dans
l’emprise de l'ancien fort, parce que tous les terrains autour ont déjà été
exploités et que le sous-sol du fort en contient. Il faut reconnaître que
l'extraction à ciel ouvert (et à l'explosif) est pour le moins extrêmement
agressive, pour le paysage bien sûr, mais aussi pour la biodiversité. La cavité
faite, le gypse exploité, dans les années qui suivent, l'entreprise va la
combler avec des remblais provenant des extractions suivantes.
Rien ne doit arrêter la marche en avant de Placoplâtre (Saint-Gobain)
et la fabrication de plaques de plâtre. L'usine de Vaujours n’est-elle
pas la première usine de transformation de gypse d’Europe ? Pour ce faire,
il suffit de nier toute trace de radioactivité sur le site ! Des mesures
effectuées de nuit et en toute illégalité par des habitants montraient une
radioactivité du site et sa dangerosité ! Qu’à cela ne tienne, il suffit
de mettre en avant l'amateurisme de ces mesures ! Mais la réalité
est têtue et les services de l’État, au travers de l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN), ont enfin reconnu ce 15 avril 2014 que le site était
toujours contaminé à l'uranium. Malgré la reconnaissance officielle de
cette contamination, Placoplâtre a commencé la destruction des bâtiments du
fort.
Sans protocole validé par les services de l’État, cette « discrète »
démolition est réalisée depuis plusieurs semaines par des travailleurs d'une
société sous-traitante filiale du groupe Colas. Le personnel de cette
entreprise ne semble pas avoir d'autres consignes que de porter de simples
masques anti-poussières et d'asperger d'eau les débris comme s'ils détruisaient
de simples constructions ordinaires. Ceci n'est vraiment pas un
« protocole » de sécurité adapté pour un site présentant de tels
risques !
Samedi 17 mai, plusieurs centaines de personnes répondant à
l'appel d'associations et d'organisations écologistes se sont mobilisées pour
que ce chantier cesse sur-le-champ, que ce projet surréaliste aux
portes de Paris soit définitivement abandonné. C'est la santé des travailleurs
et des populations qui est en jeu par l'éclatement planifié de cette colline
qui surplombe les villes de Vaujours, Courtry, Coubron et Villeparisis.
Et Saint-Gobain dans tout cela ? Les effectifs ouvriers
et employés du groupe ont baissé, mais comment s’en étonner ? Par contre,
en 2013, il a versé 684 millions d’euros à ses actionnaires
contre 646 en 2011. Pour ce qui est de son Président directeur général,
Pierre-André de Chalendar, il a encaissé 1,939 million
d’euros de salaire annuel en 2012.
Démolissez, cassez, pillez, polluez, et plus si affinité, pourvu que
les profits soient au rendez-vous !
Les liens :
Le site de Saint-Gobain.
Le site du collectif « Sauvons la Dhuis ».